Cultiver les hauteurs

Credit photo : Gaela Blandy (Toit du Bout du Monde, Centre Jean Dame)

 

Extrait de Cultiver la ville

« Les toits constituent généralement des milieux à part, atypiques, de  nouveaux paysages à investir à l’écart du bruit, de la pollution, ou d’autres nuisances urbaines. Une surface entre terre et ciel qui ouvre d’autres horizons sur la ville, d’autres imaginaires, des espaces de liberté ou tout simplement l’accès au soleil. Il donne aussi l’occasion de partager l’espace urbain avec le monde sauvage, avec les non humains, pour leur faire une place. Ils peuvent ainsi être rapprochés des friches et présentent le même potentiel par leur capacité à répondre à certains besoins.

Ce n’est pas un hasard s’ils sont très présents dans les film, en tant qu’espaces d’évasion, de fuite, ou dans des romans tel que les furtifs où les toits sont devenus les uniques espaces de liberté investis par des micro sociétés alternatives, autogérées, constamment en mouvement, en résistance contre un monde urbain marchandisé et autoritaire.

Les toits plats actuels sont souvent considérés comme des surfaces techniques, monofonctionnelles, avec pour unique fonction de couvrir, abriter. Ils sont rarement aménagés. C’est souvent cet aspect non aménagé, qui libère l’imaginaire. Or, ce n’est pas qu’une simple couverture, mais un support pour rendre la ville résiliente, répondre à divers enjeux, à divers besoins  : production d’énergie, interaction sociale, alimentation, biodiversité, réduction des îlots de chaleur urbains, régulation thermique des bâtiments, gestion des eaux pluviales, … »