La toiture-terrasse, un nouvel eldorado ?

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Paris végétalisé
Selitub ©
Du toit à la terrasse, l’étape est désormais franchie. Depuis une quinzaine d’années, les experts du bâtiment observent un regain d’enthousiasme pour les sommets de nos constructions. Exploités et optimisés, les toits-terrasses se développent aussi bien sur les immeubles que sur les maisons individuelles. Décryptage.

Celle que l’on surnomme dans l’univers de la construction, la cinquième façade, rencontre depuis quelque temps un succès grandissant. Que cela soit via des jardins partagés, végétalisés, des fermes urbaines, la toiture-terrasse, sous toutes ses formes, envahit les cimes de nos constructions. En ville, les rooftops ont fait leur apparition à l’image de ceux que l’on rencontre à New York. Les citadins s’y pressent pour s’y détendre et siroter un verre en admirant des panoramas incroyables. A la campagne, certaines maisons individuelles ont délaissé les toits en pente au profit d’une toiture plate synonyme de modernité. Au top, les toitures terrasses !

Toit étanché/végétalisé : un potentiel de taille

Un engouement grandissant qui se traduit en chiffres. En France, la surface étanchée atteint 28 à 30 millions de m2 dont 2,3 millions de surfaces végétalisées. A titre de comparaison, les Etats-Unis et le Canada ne disposent que de 2,2 millions de m2 de toits étanchés végétalisés. Avec de tels résultats, la France figure en haut du classement mondial de la végétalisation. Avec 7,5% de toits étanchés végétalisés, elle se hisse au deuxième rang mondial après l’Allemagne : « La Suisse est hors compétition car en avance sur toutes ces thématiques », a précisé Laurent Truchon, de Cimbéton lors d’un colloque organisé sur le thème du toit-terrasse. Concernant le potentiel du marché, il est estimé pour les années à venir à « 50 millions de m2 de toits de terrasse et 4 millions de toits végétalisés ». Sans parler de l’ambition de Paris de végétaliser 100 hectares d’ici à 2020.

 

Les multiples usages des toits

Comment expliquer cet enthousiasme pour la toiture-terrasse ? De nombreux experts évoquent la densification des villes et, par conséquent, le besoin d’exploiter chaque mètre carré que cela soit par la surélévation, la création de lieux de rencontre (café, espaces sportifs…) ou simplement la pose d’équipements tels que des panneaux photovoltaïques, machines de ventilation, etc. Sans oublier l’aspect smart city avec le développement des villes réseaux ou encore l’aspect environnemental avec les enjeux de biodiversité (développement de ruches, de fermes…). « Le toit devient une interface active à l’échelle du bâtiment et de la ville. A l’instar des puits canadiens qui puisent l’énergie dans le sol, sur les toits, on récupère l’eau de pluie, l’énergie du soleil ou encore du vent », analyse David Guglielmetti, du Syndicat National du Béton Prêt à l’Emploi.

 

Et puis il y a aussi la naissance des jardins en hauteur, véritables édens pour les citadins : « Les toits permettent de recréer l’esprit de la maison individuelle », souligne l’architecte Sabri Bendimérad. Pour épouser la tendance, les professionnels de la toiture ont fait évoluer leurs réglementations (incendie, thermique, accessibilité, acoustique parfois), mais aussi d’autres éléments plus étonnants, notamment sur les toitures végétalisées. « Désormais, il faut éviter les plantes allergènes et envahissantes. En outre, les instances recommandent de favoriser l’intégration de plantes locales sur les toits », indique Pierre Georgel, de l’Adivet (association des toitures végétales). La toiture-terrasse est donc au cœur de toutes les attentions. Avec sa multiplicité d’usages, qu’ils soient futiles ou utiles, elle regroupe, à elle-seule, plusieurs démarches du développement durable.